L’infrastructure actuelle, surtout près des centres urbains en plein essor, repose sur des systèmes désuets, rallongeant le transport et diminuant l’efficacité. Les centres de distribution avec une capacité de réfrigération et de congélation sont rares, forçant les camions à franchir de longues distances, ce qui augmente les coûts et les délais.
Le manque d’entreposage frigorifique adéquat près des grands centres urbains mène souvent à du transport redondant, les produits allant et venant entre les destinations. Par exemple, des aliments peuvent contourner des magasins à proximité en route vers un centre de distribution éloigné avant d’être redistribués à ces mêmes magasins, ajoutant du kilométrage excessif et occasionnant des délais.
Si les chaînes comme Walmart et Kroger testent de nouveaux modèles de distribution prometteurs, la chaîne frigorifique subit généralement des coûts de construction élevés, des soucis de durabilité et des réglementations complexes qui compliquent la construction et l’amélioration d’entrepôts frigorifiques pour répondre aux changements à la population et aux demandes des consommateurs.
CENTRES DE DISTRIBUTION ALIMENTAIRES
L’impact des kilomètres perdus
Bon nombre des installations d’entreposage frigorifique furent construites il y a 20 ou 30 ans, selon le modèle de réseau en étoile, semblable au système de distribution de Sears dans l’Amérique industrielle. Dans ce modèle, les épiciers et leurs partenaires de logistique tiers ont recours à quelques centres de distribution majeurs dans diverses régions du pays, chacun servant de pôle pour tous leurs magasins.
Ce modèle dépassé ne convient pas à la demande changeante aux États-Unis, où les ventes des épiceries en ligne devraient s’accroître à un taux annuel composé de 4,5 % pour les cinq prochaines années, soit plus de trois fois la croissance de 1,3 % prévue des ventes en magasin, selon les prévisions de Brick Meets Click’s (en anglais). Alors que les épiciers agrandissent dans les marchés américains en forte croissance comme la Sun Belt, les inefficacités de la distribution frigorifique se font davantage sentir. La distance entre les magasins et les entrepôts frigorifiques s’est accentuée, rendant les vieilles installations moins efficaces pour les chaînes de distribution modernes.
Le Canada rencontre des défis semblables, surtout en zone métropolitaine, comme le Grand Toronto. La croissance démographique au cours des 5 à 10 dernières années a pris le développement l’infrastructure de distribution frigorifique de vitesse, créant un décalage dans la distribution.
Les légumes surgelés, par exemple, peuvent être transformés à une usine en milieu rural, envoyés à un entrepôt tiers à proximité et ensuite transportés des centaines de kilomètres à un centre de distribution majeur, pour ensuite être retournés à un entrepôt tiers dans la mauvaise direction avant de finalement arriver en magasin.
En général, les gens préfèrent ne pas avoir d’installations de production alimentaires, comme des porcheries, près de leur résidence. La séparation entre les zones agricoles et les zones plus peuplées prolongent aussi les distances parcourues par les aliments.
L’essor du commerce électronique a mené à des modèles d’approvisionnement plus sophistiqués et fiables, selon des systèmes de distribution en strates : de vastes pôles, des centres périphériques et des centres du dernier kilomètre, bien que la chaîne d’approvisionnement frigorifique pour les denrées ait été lente à s’adapter, augmentant les émissions de carbone et les coûts en carburant. Les épiciers commencent maintenant à se pencher sur ces kilomètres perdus et ces inefficacités dans le cadre de leurs initiatives ESG (environnementales, sociales et de gouvernance).
Améliorer le système de la chaîne frigorifique et éliminer les kilomètres perdus
Si la progression est lente en raison des coûts élevés pour aménager des entrepôts frigorifiques, certains grands épiciers commencent à diminuer leur dépendance aux centres de distribution éloignés en construisant de multiples installations qui conviennent mieux aux zone urbaine en croissance. Au Canada, de grandes chaînes comme Loblaws ajoutent des entrepôts frigorifiques aux abords des villes, anticipant la croissance démographique des 20 prochaines années.
Aux États-Unis, Walmart ouvre présentement cinq installations robotisées d’entreposage frigorifique et de congélation, chacune coûtant plus d’un milliard de dollars U.S. Les centres de distribution sont bien situés, avec une meilleure capacité d’entreposage et des opérations rentables, pour faire face aux problèmes de durabilité et transformer les vieux modèles d’approvisionnement frigorifique.
De plus, Walmart utilise ses magasins existants comme centres de traitement des commandes, avec des superficies dédiées à la prise de commandes, l’emballage pour livraison et la collecte à l’auto. L’usage des magasins pour le traitement des commandes peur réduire le nombre de kilomètres perdus, mais les épiciers doivent s’assurer qu’il ne vide pas les étagères pour les clients en magasin.
Les épiciers tentent de trouver la bonne combinaison. Certains, comme Trader Joe’s, se concentrent sur l’expérience en magasin alors que d’autres, comme Kroger, investissent dans des centres de traitement des commandes avec des capacités de réfrigération et de congélation et la livraison sur demande. Avec sa série Ocala à Groveland, Tampa et Jacksonville en Floride, Kroger peut servir le marché de la Floride au grand complet sans avoir le moindre commerce physique.
Les entrepôts frigorifiques modernes sont plus élevés, avec des hauteurs libres de 70 à 80 pieds qui permettent des systèmes de rayonnage en hauteur, optimisant la capacité d’entreposage. Ces installations opaques entièrement robotisées réduisent le besoin d’intervention humaine. On y trouve des planchers isolés et des technologies réfrigérantes de fine pointe pour empêcher le sol de geler et assurer des températures stables tout au long de la chaîne, pour une meilleure sécurité des produits de l’entrepôt jusqu’aux magasins et aux consommateurs.
Et pour la suite ?
En arrivant en ligne, ces entrepôts frigorifiques modernes bien situés pourraient éliminer les inefficacités et les kilomètres perdus en réduisant les déplacements inutiles et aideraient ainsi les épiciers à atteindre leurs cibles de durabilité.
Pour les épiciers qui cherchent à demeurer concurrentiels et à répondre aux demandes évolutives du marché, l’investissement dans un systèmes de chaîne logistique frigorifique moderne est essentiel.
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Collaborateurs aux articles
Arlene Dedier
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- Associée, vice-présidente exécutive, Gestion de projets - Canada
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- Gestion de projet
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